La tour Bermonde était le donjon primitif des seigneurs d’Uzès, avec ses créneaux, ses meurtrières et ses oubliettes. La Tour des Prisons était autrefois château du roi, où descendit Louis XIII. Enfin la Tour de l’Horloge, jadis donjon des évêques (Uzès a été le siège d’un Évêché dès 419), appartient aujourd’hui à la ville. L’existence des seigneurs d’Uzès est attestée dans une charte de 1088. Leur fidélité à la couronne leur vaut de devenir vicomtes, comtes et enfin ducs.
Les Seigneurs d’Uzès
Naissance du Duché
En 1632, le dernier Duc de Montmorency, alors Premier Duc de France, se rebelle contre le Roi. Il est décapité et le titre échoit alors, par ancienneté, au Duc d’Uzès. Par ce titre, ils occupaient le premier rang après les princes de sang. Chevalier d’honneur de la Reine Mère, ils portaient les honneurs (sceptre et couronne) au moment des sacres et prononçaient la phrase rituelle « Le Roi est mort, vive le Roi » lors des obsèques.
Vingt et un Ducs d’Uzès furent tués ou blessés sur les champs de bataille. On raconte ainsi qu’un jour le roi Louis XVIII s’étonnait, devant le duc d’Uzès, que sa famille n’ait pas donné de maréchal à la France. « Sire, c’est que nous nous faisons tuer avant ! », lui aurait-il répondu.
Le logo de l’appellation Duché d’Uzès fait corps avec la noblesse de son histoire. Les trois fleurs de lys le rattachent à la tradition royale. La devise familiale « Ferro non auro », « par le fer et non par l’or », est illustrée par le blason historique « de gueule [rouge] à trois bandes d’or ».« Le vin est ici le meilleur du Royaume » (Racine)
Le vin accompagne intimement l’histoire qui a façonné le territoire. La tradition religieuse et notamment du vin de messe l’a longtemps favorisée. On retrouve ainsi trace d’un ancien proverbe promettant « la vigno de moussu d’Uzès » (la vigne de l’évêque d’Uzès) à tous les nouveaux mariés « qui auraient passé leur première année sans se disputer ». « Bien ramée, bien riche en fruits » et « tellement belle qu’on ne pouvait en voir de plus belle » elle donnait un vin qui « aurait fait revenir un mort ». Sous Louis XIV, des « vignes royales » étaient cultivées dans le pays d’Uzège, sur la commune d’Arpaillargues-et-Aureilhac : le vin en était acheminé à Paris et à la cour.
Mais son meilleur chantre en est encore Racine. Séjournant à Uzès en 1661-1662, le futur auteur de Bérénice écrira à un ami parisien que le vin est ici « le meilleur du royaume », arguant en un mot célèbre que « nos nuits sont plus belles que vos jours »…
La fierté des habitants du territoire s’illustre au travers de figures féminines. Dhuoda, Duchesse de Septimanie exilée à Uzès, fut la première femme a écrire un livre en occident entre 841 et 843. Ce livre, qui existe toujours, est un manuel d’éducation pour son fils. Anne de Rochechouart de Mortemart, Duchesse d’Uzès était une féministe convaincue, amie de Louise Michel. Elle fut la première femme titulaire d’un permis de conduire en 1897, et la première à recevoir une contravention pour un excès de vitesse en conduisant à 15 kilomètres à l’heure ! Marie-Louise Béziers, marquise de Crussol, récupèra Uzès en 1951, et intervint auprès d’André Malraux, alors Ministre de la Culture du Général de Gaulle, pour obtenir que le Duché d’Uzès soit classé. La loi de 1964 inscrivit Uzès sur 12 hectares de secteur sauvegardé.L’aventure vers l’AOP
En contrôlant les volumes, en affinant la qualité, les hommes et les femmes de l’appellation ont su tirer le plein potentiel d’un terroir gourmand en le travaillant avec leur caractère et leur fierté. En 1989 les viticulteurs de l’Uzège et des Garrigues commencent à œuvrer pour obtenir l’accession à l’appellation d’origine contrôlée (AOC). En 1991 ils créent le du Syndicat des Vins du Duché d’Uzès.
Dans les années 2000, le Duché d’Uzès dépose auprès de l’INAO une demande de VDQS (Vins Délimité de Qualité Supérieure), antichambre des AOC. C’est un travail collectif de plusieurs années en collaboration avec les bureaux de l’INAO de Montpellier et d’Avignon qui a ainsi permis de délimiter les terroirs et de donner aux vins du Duché d’Uzès leur identité propre.
De l'IGP à l'AOC.... L’aire de production a été réduite de 130 communes à 77. Le rendement (pour les vins rouges) est passé de 52 à 48 hectolitres par hectare. La densité de plantation (3500 pieds minimum pour les vignes en place, 4000 pour les nouvelles plantations) et l’encépagement sont soumis à contrôle. Des cépages référents ont été privilégiés, en l’occurrence Syrah-Grenache pour un vin rouge ou rosé d’assemblage et Viognier-Grenache blanc pour le blanc. Au moins un cépage complémentaire pour les blancs doit également être utilisé : Roussanne, Marsanne et Vermentino.-
La reconnaissance !
En 2009 le comité national INAO entérine le principe de la demande d’accession directe à l’AOC avec la nomination d’une commission d’enquête. Et obtient le 29 juin 2012 un avis favorable de l’INAO, avant la parution du décret officiel le 19 juillet 2013. L'AOC Duché d'Uzès est née.
Le Syndicat des Vignerons du Duché d'Uzès est géré par un Conseil d'Administration de 15 vignerons. Michel Souchon (Durfort, La Cave) en assure la présidence et Luc Reynaud (Domaine Reynaud) la vice-présidence. Les membres du Conseil : David Baron (Les Collines du Bourdic), Didier Blanc (Domaine St Firmin), Cyril Caffarel (Cave de St Gély), Patrick Chabrier (Domaine Chabrier Fils), Patrick Compan (Cave St Maurice), Hubert De Morogues (Château de Roux), Patrick Fabre (Les Vignes de l'Arque), Gérard Ferrand (Les Vignerons de Montaren), Jean-Michel Guibal (La Tour de Gâtigne), Philippe Moutet (Les Coudérousses), Thomas Olivier (Domaine Le Sollier), Nicolas Souchon (Mas des Volques) et Pascal Vincent (Domaine Castelnau). Pour accompagner leur développement, les vignerons ont fait le choix de se rapprocher d’Inter Rhône, interprofession des vins AOC Côtes du Rhône et Vallée du Rhône.